Le deuil, une histoire collective qui s’est perdue ?

Le deuil est universel, éprouvé par toutes et tous. Et pourtant peu d’espaces lui sont dédiés parmi les vivants. On le vit de manière individuelle, alors que collectivement il y aurait tant de choses à dire et à faire, afin d’accompagner nos deuils et par extension nos vies suite au décès d’un être cher. J’ai beaucoup apprécié cette réflexion de Marie Robert, que je vous partage ci-dessous, et, peut être qu’elle vous parlera aussi et vous fera du bien de la lire :

“Ceci est une histoire collective. Combien de deuils devrons-nous faire dans une vie ? De toutes les grandes affaires qui nous réunissent, le deuil, est sans doute le point de jonction le plus central. Car d’où que l’on vienne, nous allons tous au cours de notre existence faire « des deuils », aussi différents soient-ils. Qu’il s’agisse du deuil d’un proche, celui d’un amour, d’un rêve, d’un animal, d’un lieu ou d’un idéal, nous allons tous, sans exception, être confronté à cet étrange sentiment, qui nous oblige de faire avec ce qui n’est plus. Et pourtant, aussi communs soient nos deuils, aussi présents soient-ils dans nos cœurs, la place dont ils bénéficient dans la société est paradoxalement infime. Je me souviens d’un jour avoir animé, en visio, une conférence sur les émotions. Une femme avait allumé sa caméra à la fin de l’intervention pour dire de but en blanc : « Voilà, en parlant d’émotions, je voulais vous dire, il y a quinze jours, ma mère est morte ». Elle n’avait pas trouvé d’autre espace pour l’exprimer, elle craignait de déranger les collègues, alors même qu’elle avait besoin de partager cet épisode de sa vie. Je crois que nous sommes nombreux à avoir tue « nos deuils » pour des raisons similaires. Dans une très belle interview de la revue @le1hebdo Delphine Horvilleur rappelle qu’à une époque, lorsqu’on était en deuil, on portait du noir, on mettait des bandeaux sur les maisons, en somme, on signifiait clairement qu’on était en peine et cela permettait aux autres de prendre le relais, de nourrir, de soutenir, d’alléger des tâches. Comme pour la naissance, le deuil suppose un village, en perdant ces signaux, on perd cette possibilité de ritualiser nos disparitions : « Ces rites établissent du collectif à un moment où il serait tentant de se déconnecter du vivant et de partir avec ceux qu’on a aimé » résume Horvilleur. Alors ce matin, je pense en particulier à tous ceux qui ces temps-ci traversent les affres de l’absence, faisons en sorte que nos bras s’ouvrent et soutiennent. Je vous souhaite de rendre collectif nos naissances et nos morts.”

Propos de Marie Robert, Philosophe, professeure, auteure, @philosophyissexy - Source Instagram

“Chaque matin à l’aube, depuis plus de cinq ans, j’écris un texte où je partage ma pensée du jour. Une invitation à la réflexion qui est devenue un rendez-vous quotidien pour moi comme pour vous.” Marie Robert

Marie Robert - source : www.philosophyissexy.fr

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Comment annoncer le décès et les obsèques, d’un proche ?